Comment ne jamais être à court d'HISTOIRES

J’ai dit à quelqu’un l’autre jour : « J’adore tes histoires ! »

Et il m’a répondu en souriant : « Merci. Mais je ne peux pas toutes te les raconter maintenant. Sinon elles seront bientôt épuisées. »

Je comprends ce qu’il voulait dire : on a tous certaines histoires à raconter qui inspirent, qui font rire, qui intriguent,  qui surprennent et qui font de nous une personne complètement unique.
Y’a toujours quelque chose d’excitant, de magique à découvrir ces histoires.
Et c’est bien plus fun quand tu ne peux pas toutes les connaître d’un coup.
C’est toujours dommage ces gens qui te dévoilent tout de leur vie en moins de deux heures, c’est comme s’ils te racontaient la fin du film avant même que les bandes-annonces ne soient passées.

Parfois je m’imagine mariée, posée avec la même personne pour le reste de ma vie (tu sais les jours où je suis de très TRES bonne humeur :p), et je me dis que je ne voudrais jamais tout connaître mon partenaire.
Je voudrais être constamment surprise et le surprendre constamment.
Je voudrais qu’à mes 87 ans il me raconte une nouvelle histoire qui me blowwww my mind et qui me donne cette impression de devoir chaque jour apprendre à le connaître.
Je ferais pareil avec lui, je lui confierais souvent des nouvelles histoires, des trucs complètement fous du passé, du présent, et à chaque fois il me dirait « mais c’est génial, tu ne me l'as jamais raconté ça ! ».
Et par la magie de nos histoires respectives on saurait garder une flamme qui ne s’éteindra jamais.

Alors en entendant cette remarque je me suis demandée si cette personne avait raison. Si vraiment on pouvait les épuiser toutes nos histoires. Si on avait un tank et qu’il fallait le rationner intelligemment au cours de la vie pour tenir jusqu’au bout.

Bon tu me diras y’a toujours des histoires bien plus marquantes que d’autres.
Le genre d’histoires qui font toujours une putain d’impression.
Le genre de trucs que si t’essayais de recréer trop souvent ça serait compliqué quand même.
Par exemple j’aime bien raconter comment je me suis installée à l’improviste à Londres après 5 mois de voyage et 500 francs suisses de dettes : ça m’a donné la sensation que quoiqu’il arrive dans la vie je m’en sortirais et je sais que cette histoire a toujours son effet (bon ou mauvais d’ailleurs !).
Mais c’est une histoire qui inclut plusieurs mois de ma vie, pas mal de risques et donc je ne pourrais pas créer ce type de scénario trop souvent.

Alors comment faire pour avoir de nouvelles histoires fun à raconter chaque jour, sans devoir chambouler ta vie entière au quotidien ?

Déjà un truc qui est bien quand tu ne racontes pas tout d’un coup c’est que tu peux en profiter pour écouter.
Vraiment écouter les histoires des autres. Ne pas vouloir absolument tout partager te permets d’être présent et infiniment curieux pour les histoires de chaque personne qui croise ton chemin. Et puis le plus t’es attentif, le plus une histoire va t’être contée de manière drôle, folle, inspirante.
Quand ton interlocuteur te sent captivé il va naturellement se transformer en bon storysteller. (Personne n'est ennuyeux si tu sais vraiment écouter.)
Et PAF ! Si cette histoire t’inspire, tu peux la retenir, et tu peux la raconter à quelqu’un d’autre (sans te l’approprier hein, ça va de soi, toujours citer ses sources, faut pas jouer avec le karma ! ;) ).

Une façon donc de garder ton « tank » d’histoires plein, c’est d’écouter celles des autres, de vraiment vraiment les écouter avec toute ton attention .

Mais les histoires les plus fascinantes sont quand même les tiennes. Tu peux me raconter comment ton pote a fait ci, ça et ce que ça t’as appris et clair que je trouverais ça inspirant ! Tu peux me raconter un truc que t’as lu récemment, ou un film que t’as trouvé cool, et je sais que tu parviendras à le rendre intéressant.

Mais si tu me racontes comment t’as vécu un truc complètement décalé, un truc marrant, effrayant, drôle, une rencontre, une aventure, une conversation que sais-je tout ce que tu veux , mais surtout un truc que t’as vécu TOI et que t’as décidé de transformer en histoire, là c’est d’autant plus puissant. Parce que je me dis « damn, c’est le héros même de l’histoire qui me la raconte ! » .
Et je peux la vivre avec toi.
Je peux la vivre à travers toi.
Je peux voir la vie dans tes yeux et l’énergie dans tout ton être.
Je peux ressentir ta passion, ta tristesse, ta joie, ta nostalgie, ta folie.

Moi je crois qu’il est possible d’en créer chaque jour de ces histoires de vie.
C’est à toi d’aller les chercher. C’est à toi d’aller les vivre. Elles n’ont pas besoin d’être extraordinaires, parce qu’en étant toi le héros tu les rendras extraordinaires.

Tu peux changer de chemin pour aller au travail, et découvrir une drôle de boutique avec un livre en vitrine qui te fait entamer une brêve conversation avec la mystérieuse vendeuse.

Tu peux te rendre à une rencontre, un événement en fin de journée même si c’est pas du tout un truc qui t’intéresse à la base et que y’a personne pour venir avec toi.

Tu peux parler à un inconnu dans le bus, ou dans le parc, juste comme ça.

Tu peux partir en weekend improvisé, t’as même pas besoin d’argent, tu peux marcher et camper ou demander refuge chez l’habitant.

Tu peux t’amuser avec les conversations, te regrouper devant la machine à café et demander à tes collègues leurs rêves les plus fous plutôt que de parler travail,  pour raconter ensuite l’atmosphère folle que ta question a créé.

Tu peux décider d’organiser un rendez-vous improvisé avec ton partenaire, ou quelqu’un que tu ne connais pas du tout si comme moi t’es célibataire.

Tu peux aller nager seul dans le lac, observer la nature et le comportement fascinant des canards (j'te jure, moi j'ai toujours l'impression qu'ils nous racontent tout plein d'histoires!).

Tu peux changer de marque de dentifrice, de couleur, d’odeur, tu peux raconter comment c’est fun un dentifrice rose, comment la mousse rose bizarre t’a donnée la sensation d’être une sorte de licorne enragée quand tu t’es regardé dans la glace et à quel point c’était fou et libérateur (true story !).

Tu peux cuisiner un plat différent chaque jour, aller chercher les ingrédients dans un petit magasin aux Pâquis, te perdre dans les rayons aux étiquettes illisibles.

Tu peux offrir t’aller promener le chien de ton voisin et t’aventurer dans un de ces parcs pour chien où paraît-il la conversation est facile.

Tu peux décider de voir toute difficulté comme une opportunité et toute opportunité comme une aventure. 
Tu peux choisir de rendre chaque moment magique. 

Tu vois, je ne crois pas qu’on puisse épuiser sa réserve d’histoires.
Si on est prêt à les provoquer.
Si on est prêt à les observer.
Si on est prêt à les vivre.