Une Rencontre Dans Le Bus
(Oui moi aussi j'aurai voulu un titre plus sexy mais oh well, pas trouvé :p)
J’étais posée tranquille dans le bus l’autre jour quand une fille s’assied à côté de moi. Elle me semble familière mais j’ai la flemme de faire la causette alors je fais comme si de rien n’était.
« Ahem. Excuse-moi ? »
Damn it. Et moi qui voulais écouter mon podcast tranquille.
« Oui ? »
« J’ai l’impression de te connaître. On n’a pas travaillé ensemble il y a quelques années ? »
Ah les joies d’une petite ville comme Genève !
J’enlève les deux écouteurs de mes oreilles et je me tourne vers elle.
Ha, si c’est bien ce que je pensais. Impossible de l’oublier cette fille.
« Oui, je me souviens ! Comment vas-tu ? »
Et comment je m’en souviens !
Si elle savait.
Je ne pouvais pas la supporter à l’époque.
Elle m’énervait.
Dès qu’elle parlait elle m’énervait.
Son assurance m’énervait.
Son look m’énervait.
Ca m’embêtait tellement de bosser avec elle que j’en avais parlé à ma psy de l’époque qui m’avait sourit en répliquant :
« Ecoutez Laura il faut que vous compreniez quelque chose. Quand quelqu’un nous agace autant c’est qu’on envie secrètement certains aspects de cette personne. Probablement des aspects que vous aimeriez développer chez vous. »
Et moi qui avait pensé pouvoir ruminer tranquille sur l’horreur que c’était de travailler aux côtés de quelqu’un comme elle.
N’empêche, ça m’a fait réfléchir.
Les semaines suivantes je l’ai observée.
J’ai tenté de savoir si ma psy avait raison, s’il y avait vraiment quelque chose que j’enviais secrètement chez cette fille.
Elle avait un avis sur tout et n’avait pas peur de le donner.
Elle parlait fort (et beaucoup !), et elle riait fort.
Elle aimait être le centre de l’attention.
Elle n’avait pas peur du regard des autres et du ridicule.
Elle était tellement spontanée que ça en était déstabilisant.
Et elle semblait n’avoir peur de rien.
Ahem. C’est inconfortable de se remettre en question, mais ma psy avait raison.
C’était toutes des qualités qui me manquaient et que j’ai toujours voulu avoir.
Mais il y avait encore un truc qui clochait.
Je ne voulais pas être comme elle.
Je voulais un peu de tout ça, tout en restant moi.
Récemment j’ai lu quelque part une nuance à ce que m’avait dit ma psy.
Que quand quelqu’un nous énerve, oui c’est probablement parce qu’on les envie en partie.
Mais ces qualités qu’on envie, c’est à notre façon qu’on voudrait les incarner.
Avec nos valeurs.
En restant soi-même.
***
« Je me souviens de toi, tu étais plutôt calme non ? Et moi j’étais une vraie pipelette ! »
Elle avait dit ça avec beaucoup de douceur, elle semblait d'ailleurs bien plus posée qu’avant.
Elle avait même eu un enfant tiens, la maternité paraît que ça te transforme énormément.
De mon côté je n’ai pas eu d’enfant mais entre-temps j’ai beaucoup changé.
J’ose dire ce que je pense, mais je le fais à ma façon, beaucoup par écrit (méthode ultime de la badass introvertie !).
Je n’ai plus trop peur du ridicule tellement ça m’arrive souvent.
J’ose parfois être le centre de l’attention si j’ai l’impression d’avoir de la valeur à apporter.
J’incarne presque trop bien la spontanéité dans tous les aspects de ma vie.
Et la peur, eh bien...
Elle est toujours là.
Mais aujourd’hui j’ai appris à danser avec.
C’est une partenaire féroce mais elle connaît ma force et ne cesse jamais de me pousser, de me défier, de m’entrainer !
***
On est descendues au même arrêt, en riant comme de vieilles copines. On a parlé vite fait de choses et d’autres, et on s’est séparée au bord d’un passage piéton.
« Bon, ben j’y vais. On reste en contact ? Tu as Facebook ? »
« Oui, mon nom c’est Laura Nathalie ! »
« Ca marche, je regarderai ! » (Je me demande d’ailleurs si elle lira ces lignes. Alala, je sais, c’est agaçant de croiser le chemin de quelqu’un qui écrit! ;) )
« Ca m'a fait plaisir de te revoir. »
Et ça, je le pensais vraiment.